VOITURE USINE
HISTOIRE
RALLYE FIA COUPE DU MONDE 1973
Quelle: Renault Revue 1973
LES CAVALIERS BLEUS
Pour la première fois en 1973, un Championnat du Monde des Rallyes voyait le jour sous l´impulsion de la FIA et notamment sous la pression de FIAT et Alpine-Renault. Jacques Cheinisse, directeur sportif chez Alpine, avait réuni un cercle de pilotes français dans l´intention de conquérir le monde des Rallyes avec ses Berlinettes.
Sur les 13 tests, Renault-Alpine en maîtrisa 10 avec ses Berlinettes. Bernard Darniche, Jean-Luc Thérier ainsi que Jean-Pierre Nicolas étaient au volant. Soutenus par Jean-François Piot, Jean-Claude Andruet et Ove Andersson. Le spectacle devait commencer en janvier avec le Rallye de Monté-Carlo, suivi du Rallye de la Suède, du Rallye Safari en Afrique de l´Est, du Rallye Acropole, du tour des Alpes Autrichiennes et du Rallye RAC en Grande-Bretagne, pour n´en citer que quelques-uns.
Un total de 17 véhicules d´usine préparés par Alpine-Renault en 1973 et envoyés sur les pistes afin de remporter le premier Championnat du Monde des constructeurs de véhicules de Rallyes.
Le véhicule, alors immatriculé en France sous le numéro 9846HL76, était l´un des 17 véhicules avec lequel Jean-Luc Thérier et Jean-Pierre Nicolas se battront pour remporter la coupe du Championnat du Monde des Rallyes.
Au final, les efforts de Renault-Alpine ont été couronnés de succès. L´armada d´Alpine remporta 6 des 10 Rallyes loin devant la concurrence et ses pilotes ramenèrent la coupe en France.
RALLYE FIA COUPE DU MONDE 1973
RALLYE POLOGNE 1973
12.-15. JUILLET 1973
XXXIII RAJD POLSKI
Le Rallye de Pologne de 1973 est entré dans l´histoire comme étant l´un des Rallyes WRC les plus difficiles. Sur 62 voitures au départ, seules 3 arrivèrent dans les temps. La vitesse moyenne sur route entre les épreuves spéciales était parfois supérieure à 120km/h. Le parcours de 3 912 km, comptant 55 épreuves spéciales de 734 km, était particulièrement difficile. Le Rallye s´est déroulé peu de temps après de grandes inondations. De nombreuses routes étaient fermées ou gravement endommagées obligeant les voitures et les pilotes à faire des miracles pour rester dans les temps impartis. Six voitures ont atteint l´arrivée mais seulement trois dans la limite du temps donné. Achim Warmbold s´imposa avec une avance de 2 heures 47 minutes devant la deuxième voiture.
Source: SLOWLYSIDEWAYS
Jean-Luc Theriér
Peu de coureurs ont été traités avec autant de respect par leur adversaires et encore moins ont été aussi populaires que Jean-Luc Thérier. Il était l´un de ces pilotes qui ont prospéré et grandi dans le giron de la grande équipe Alpine-Renault qui dominait ce sport au début des années 1970. Au volant de sa Berlinette, il a toujours été le pilote le plus spectaculaire. Il aimait les survirages, détestait les entraînements fréquents et croyait que la conduite devait être avant tout un amusement.
Un funambule qui faisait de l´improvisation un jeu d´enfant. Thérier était aussi à l´aise sur la piste que sur la neige ou sur l´asphalte, terrain de prédilection des pilotes de Rallyes français. Il en fournit la preuve en 1970 quand, à 25 ans, il remporta coup sur coup le Rallye de San Remo et le Rallye de l´Acropole. Il était l´une des stars de l´équipe des “3 mousquetaires” qui remporta en 73 le Championnat du Monde des marques pour Alpine-Renault.
S´il y avait eu un classement des pilotes à l´époque, il serait sûrement devenu le premier Champion du Monde de l´histoire des Rallyes.
Copain sympathique, drôle et charmant, gourmand et fêtard, Thérier est longtemps resté fidèle à Renault avant d´avoir un temps de malchance chez Toyota à la fin des années 70. Alors qu´il avait restauré sa réputation en France et qu´un retour en Coupe du Monde se profilait à l´horizon, le destin le freina encore une fois. Il s´apprêtait à prendre la tête du Rallye Paris-Dakar dans une petite Citroën visa 1000 Pistes, lorsque sa voiture fit un looping. Grièvement blessé, un de ses bras restera complètement paralysé. C´était en 1985, il n´avait pas encore 40 ans. Il ne se remettra jamais des conséquences de l´accident, que se soit physiquement ou mentalement. Il est mort un 31 Juillet 2019 chez lui à Neuchâtel-en-Bray à l´ âge de 73 ans.
© Grzegorz Chyla, András Fekete
COMBAT DE BOUE
Jean-Luc Thérier domina la saison 1973, remportant la moitié de toutes les victoires de chez Alpine.
Avec un énorme talent et sans beaucoup d´entraînement, il a dominé la compétition sur tous les terrains avec son style de conduite si spectaculaire.
Il a longtemps occupé la deuxième place derrière Warmbold et à cause de la fatigue, il laissa Mahé prendre le départ d´une spéciale sur la 50ième étape d´évaluation. Sur les 6 dernières spéciales, il se ressaisira et fera le maximum pour arriver avec plus de 30 minutes d´avance sur Warmbold. Mais malheureusement une disqualification attendait l´équipe Thérier/Mahé.
„VOUS NE POUVEZ PAS FAIRE DE SAFARI ICI, LA POLOGNE N´EST PAS L´ AFRIQUE“
L´un des 17 véhicules préparés par Alpine-Renault pour le Championnat du Monde des Rallyes en 1973, immatriculé 9846HL765, devait être en course pour la première fois lors du 7ième test du Rallye de Pologne. La Régie Renault présenta la A110 en bleu clair et autres couleurs pour briller sur les pistes.
Jean.Luc Thérier et Alain Mahé ont inauguré la 9846HL76, sans savoir qu´ils allaient participer au Rallye le plus difficile que l´Europe ait connu depuis longtemps. Le Rallye de Pologne est entré dans l´histoire des Rallyes du Championnat du Monde à cause de son organisation chaotique et de son parcours brutal.
FIA RALLYE DU CHAMPIONNAT DU MONDE 1973
RALLYE DANS LES ALPES AUTRICHIENNES 1973
12.-16. SEPTEMBRE 1973
La course dans les Alpes Autrichienne en 1973 faisait partie du Championnat du Monde des Rallyes. On pourrait penser que le Rallye a eu lieu en montagne mais il n´en fut pas ainsi. Il s´est déroulé à 26 km au sud de Vienne près de Baden. Le Rallye comprenait 31 épreuves spéciales d´une distance de 324,5 km.
Seulement 2 Berlinettes avaient été préparées pour cette course – Thérier demanda un break car il voulait faire le Tour de France. Bernard Darniche et Alain Mahé concouraient avec la 6996HM76 qui portait le numéro de départ numéro 2. La 9846HL76 avec pour numéro de départ le 11, était occupée par Jean-Pierre Nicolas et son propriétaire Michel Vial.
©McKlein
Jean Pierre Nicolas
A l´âge de 23 ans, il obtint un contrat de pilote d´usine chez Alpine-Renault. Il fut dès lors un des “ 3 mousquetaires” qui devait aider Alpine-Renault à remporter le Championnat du Monde en 1973. Après une 2ième place au Rallye TAP au Portugal, il remporta le mythique Tour de Corse en 1973.
Jean-Pierre Nicolas a grandi dans le milieu, avec un père possédant un garage et pilotant occasionnellement en Rallye pour l´usine Renault. Il avait à peine atteint l´âge minimum requis lorsqu´il s´assit sur le siège passager de son père. Et à 19 ans, il conduira pour la première fois un prototype Renault 8 sur le Liège-Sofia-Liège. Après celà, il eu la chance de pouvoir rejoindre l´équipe de Jacques Cheinisse auprès de Thérier, Andruet et d´autres. Cheinisse avait un besoin urgent de pilotes, de préférence français, et faisait confiance aux talents de cette jeunesse. A pas tout à fait 23 ans, Nicolas signa son premier contrat en tant que pilote d´usine chez Alpine-Renault.
Le sudiste exubérant a longtemps été considéré comme le dernier recours de cette équipe française.
Il n´était peut-être pas aussi sprinteur que ses coéquipiers, mais a toujours compté à une époque où l´endurance représentait encore quelque chose en Rallye. Il gagna au Portugal et au Maroc.
Comme Thérier, Nicolas paya au prix fort sa loyauté à Renault. Il dut attendre jusqu´en 1978, pour laisser une impression durable mais le fit d´une manière impressionnante. Il remporta la même année le Rallye de Monté-Carlo, le Rallye Safari et celui de la Côte d´Ivoire. Il termina sa carrière de pilote de compétition chez Peugeot au volant d´une 205T16, voiture du groupe B. En 1985, il reprit le Service Sport Clients chez Peugeot et s´investit pleinement depuis à ramener Peugeot au plus haut niveau en Rallyes.
©McKlein
©McKlein
Querelles et Protestastions
Après Le Rallye de Pologne, la 9846HL76, a fait l´objet d´une révision technique complète. Elle reçut un moteur Mignotet Nr. MS 19 nouvellement révisé. Ce moteur avait déjà été utilisé pour les Rallyes de Monté-Carlo et du TAP dans un véhicule similaire. Il avait également obtenu un filtre à air spécial pour alimenter l´air d´admission de l´intérieur du véhicule vers l´unité d´entraînement. Une légère protection anti-encastrement du Rallye de l´Acropole faisait également partie de la révision.
Après toutes sortes de querelles et de protestations concernant Jacques Cheinisse, directeur des courses chez Alpine, Jean-Pierre Nicolas amena la 9846HL76 à la 5ième place du général. Bernard Darniche gagna au final grace à son Alpine avec un écart ridicule de 1,1 seconde sur la Saab de Per Eklung qui était auparavant loin en tête.
RETURN TO THE ALPS 2014
RALLYE FIA CHAMPIONNAT DU MOND 1973
RAC RALLYE 1973
17.-21.NOVEMBRE 1973
RALLYE DE GRANDE-BRETAGNE
La raison principale de la popularité du Rallye RAC, tenait au fait qu´il attirait plus de participants étrangers que tout autre événement de sport automobile dans le monde. Le réseau routier à travers les forêts domaniales, les routes aux courbes qui suggèrent qu´elles étaient destinées aux voitures de Rallyes plutôt qu´aux camions, sont idéales pour ce sport. Même si des événements exotiques comme le Safari sont attrayants, les amateurs et les professionnels plaçaient invariablement ce Rallye RAC en tête de leur priorité.
Il y a environ 10 ans, le spectacle exaltant des meilleurs pilotes du monde montrant leur compétences sur les chemins de terre, était regardé uniquement par des passionnés purs et durs. C´est aujourd´hui un événement qui attire plus de spectateurs que tout autre événement sportif.
Sur le plan organisationnel, il ne peut être comparé aux Rallyes du Maroc, de celui des Alpes Autrichiennes, de celui des 1000 Lacs, mais il s´améliore.
RIEN NE VA PLUS
Après la présentation de la 9846HL76 au Salon de l´Automobile à Paris en octobre 1973, Jacques Cheinisse l´envoya avec la 2462HN76 dans la paisible petite ville de York en Grande-Bretagne pour participer au RAC Rallye.
Jean-Luc Thérier pensait avoir tout sous contrôle avec le Nr.3 de départ, mais l´Angleterre n´offrit pas de terrain favorable aux Renault. Des faiblesses mécaniques obligèrent Alpine-Renault à revoir ses ambitions à la baisse. Pour Thérier, l´histoire du Rallye RAC peut donc se raconter rapidement. À cause de la casse de l´entraînement du distributeur, il dut garer sa Berlinette prématurément alors que la course s´annoncait prometteuse et il se classa 5ième au général avec sa 2462HN76.
©McKlein
©McKlein,
SECONDE VIE EN HONGRIE
Attila Ferjáncz
Attila Ferjáncz (12 Juillet 1946- 23 avril 2016) était un pilote de Rallye Hongrois. Il remporta le Championnat Hongrois des Rallyes de 1976 à 1982 et 1985 et 1990.
“En Hongrie, cette Alpine nommée “Bad Frog” était parfois dangereuse à conduire. Malheureusement, je l´ai eu bien trop tard pour pouvoir rivaliser avec Roser et Thérier. Lorsque Roser a remporté Munich-Vienne-Budapest en 1969 avec sa Berlinette, nous roulions encore en R8 Gordini”.
© István Falus
© András Fekete
DERRIÈRE LE RIDEAU DE FER
Patrick Landon, responsable des Pays de l´Est chez Renault, a vendu la 9846HL76 à la Hongrie le 26 mars 1974. C´est là qu´elle a commencé sa seconde vie et qu´elle est restée l´une des rares voitures de l´usine à quitter la France à l´époque. Dès lors, elle a porté le numéro d´enregistrement AU-7683 et a appartenu à la “Team Volan”, grande entreprise de transport hongrois. Attila Ferjáncs, incontournable dans le Bloc de l´Est, remportera de nombreuses victoires avec elle. Il était déjà
champion hongrois des Rallyes en 1968 et 1969 au volant d´une R8 Gordini.
Comparée aux voitures de Rallyes courantes dans le Bloc de l´Est, Lada, Skoda ou Wartburg, cette Berlinette française semblait presque venue d´une autre planète. C´est en avril 1974 que Attila Ferjáncs se glissa pour la première fois dans le cockpit étroit de l´Alpine.
7ième Rallye de l´Ile d´Elbe 1974
18. – 20. AVRIL 1974
DÉBUT DU RALLYE EN ITALIE
Des ennuis avec le circuit électrique et un démarreur défectueux ont causé des problèmes au Rallye d´Elbe en 1974 et il fallut faire appel aux services de Berti Dino. Au final, l´équipe Ferjáncs-Zsembery termina pour ses débuts en Alpine, à une respectable 14ième place au classement général.
© Antonio Biasioli, András Fekete, Actualfoto IT
SOEURS DANS LE CRIME
Sur la photo à gauche de l´AU-7683 (Nr.9) la Berlinette 1800Gr.IV (Nr 12) des frères Takov de Bulgarie. Les deux seules Berlinettes d´usine 1800 livrées au Bloc de l´Est par le département course d´Alpine qui ont enrichi la scène du Rallye au-delà du rideau de fer. Ces deux véhicules trouveront 40 ans plus tard, leur chemin vers l´Allemagne et renaîtront chez alpineLAB.
FULL HOUSE
L'intérêt des spectateurs pour le rassemblement dans le bloc de l'Est était écrasant au début des années 1970, comme le confirme de manière impressionnante cet enregistrement. De nombreux spectateurs ont voulu apercevoir les voitures qui défilaient et se sont bousculés pour les meilleures places au bord de la piste ou dans les tribunes et parkings adjacents.
© Robert Szombati, Nikolay Krazalev
MÉTARMORPHOSE
Un chapitre sombre commence pour l´Apine chargée d´histoire alors qu´elle n´était plus compétitive sur les pistes de Rallyes. À la fin des années 70, la AU-7683 quitta la scène des Rallyes pour être conduite par une poignée de corsaires dans des courses de côtes.
Quant à l´ancienne 9846HL76, elle tombera entre les mains d´un ex-mécanicien de l´équipe VOLAN, qui la modifiera massivement. Passée aux mains de différents propriétaires, l´apparence de celle-ci changera et subira une véritable métamorphose.
SEARCH AND RESCUE
TROUVAILLE DANS UN DÉPOTOIR
JUILLET 2008
SALUT
Bien que la vente de la 9846HL76 à la Hongrie en mars 1974 n´est pas été un secret pour les initiés, le véhicule a longtemps été considéré comme perdu – il a même été suspecté dans diverses publications d´être en Allemagne. Alors qu´il était resté en Hongrie pendant de nombreuses années et a vécu une existence misérable dans l´arrière-cour d´un dépotoir pendant de nombreuses années. Un ancien mécanien de l´équipe VOLAN avait repris le véhicule alors qu´il n´était plus compétitif sur les pistes de Rallyes du Bloc de l´Est.
L´ancienne 9846HL76 connut grâce à lui une véritable métamorphose et subit toutes sortes de modifications techniques et optiques. Elle n´appartenait plus au propriétaire de l´époque lorsque j´ai mis un terme à sa misérable existence. C´est en Hongrie que je l´ai achetée, puis acheminée vers l´Allemagne. – toutes les publications incorrectes depuis lors peuvent être maintenant corrigées.
IDENDITÉ DE LA BELLE
Découverte sous une épaisse couche de terre, les combinaisons magiques des nombres se dévoilent. Bingo ! Les numéros identifient cette Berlinette comme étant une véritable voiture d´usine.
BLOOD SWEAT AND TEARS
DÉMONTAGE
OCTOBRE 2008
INCOGNITO
Lorsque j´ai découvert la 9846HL76 en Hongrie, rien à première vue ne donnait d´informations la concernant. Désespérément modifiée, vêtue des couleurs nationales hongroises, seules les plaques signalétiques, cachées sous une épaisse couche de terre, donnaient une certitude sur son origine et son histoire.
Pendant des années, elle était derrière le rideau de fer en mode incognito, cachant son vrai visage derrière des spoilers et d´innombrables couches de peinture. La substance du véhicule était nettement pire que la première impression suggérée. Les découvertes faites lors du démontage ne laissaient aucun doute sur le fait que cette Berlinette avait sévèrement souffert lors des Rallyes. Je découvrais de nombreux détails et particularités d´une Alpine d´usine. Détails que je n´avais jamais vu auparavant. Tous réalisés par les mécaniciens du département sport automobile du SERVICE COURSES.
TRAVAIL SUR LA CAROSSERIE
NOVEMBRE 2008
LE CAISSE
Le travail sur le corps en polyester était interminable, la saleté et la poussière s´infiltraient dans chaque fissure et couvraient l´atelier et l´inventaire d´une fine couche de poussière. Ma patience et mon endurance étaient mises à l´épreuve mais les raccourcis ou les excuses n´étaient pas une option. L´objectif déclaré était de préserver autant que possible la substance d´origine. Cependant, vous pouvez les tordre et les tourner à votre guise, mais des sections irréparables du corps ont dû être détachées et remplacées par de nouvelles pièces. Les Rallyes et les réparations inappropriées avaient fait d´énormes ravages.
Le réservoir souple d´avion monté à l´origine en usine a dû céder sa place à une version en aluminium plus ou moins identique. J´ai décidé de cette version pour des raisons de durabilité et d´acceptation technique. Une fois tous les travaux de carosserie terminés, l´unité motrice et le chassis ont été remis afin qu´elle puisse sortir de l´atelier sur ses 4 roues.
LE CHASSIS
TRAVAIL DU MÉTAL
Rien de spécial à première vue, pourrait-on penser. En y regardant de plus près, cependant, de nombreuses petites modifications avaient été apportées au chassis standard. Tubes cintrés pour créer de l´espace dans les passages de roue avant, cric rapide à l´arrière, support soudé pour le réservoir d´eau de refroidissement, ainsi que des tôles soudées ici et là pour renforcer le chassis.
PEINTURE
DÉCEMBRE 2009
JEU DE COULEURS
Au cours de l´année 1973 du Championnat du Monde, l´escouade Renault avait peint ses véhicules avec de nouvelles couleurs. Cela devait être authentiquement restauré dans la forme, la couleur et le design. Mais les codes de couleurs correspondants n´étaient pas facilement disponibles, ce qui compliquait quelque peu la tâche. “Bleu Caddy” était le nom exact de la nuance de bleu, mais il n´y avait aucun code de couleur nulle part. Tout ce qui était possible, était la reconstruction fastidieuse de la tonalité de couleur, basée sur des fragments de couleurs existants à l´aide d´un scanner. Sur la base de documents photographiques historiques, les dimensions des différentes applications de couleur ont été méticuleusement transférées sur les surfaces à peindre. Une affaire éprouvante et chronophage mais qui valait bien le résultat.
REMONTAGE
JANVIER 2010
MÉLANGE DE MATIÈRES
La carosserie brille dans sa combinaison de couleurs communément appelée “Tour de Corse” et le moment tant attendu du montage est arrivé. La peinture délicate du tableau de bord avec une peinture connue sous le nom de “Peinture Craquelée” en français, a nécessité quelques tentatives pour montrer l´effet désiré. L´épaisseur de la couche de peinture et son temps de séchage ont une influence non négligeable sur la structure du “look cuir”, c´est pourquoi le traitement des composants nécessite le plus grand soin possible.
L´intérieur en dit long sur les Rallyes dans la boue, sur les éboulis et les graviers à travers les profondes forêts autrichiennes. Cet intérieur se composait principalement de feutre gris clair. Seul le similicuir matelassé était utilisé sur les seuils de porte, ce qui était familier des véhicules de production. Étant donné que chaque véhicule présente des écarts minimes de forme et de taille, il est essentiel de réaliser au préalable des gabarits en carton pour l´intérieur. Le coffre à casque en contreplaqué a également été reproduit fidèlement à l´original et a retrouvé sa place habituelle sur la zone au-dessus du réservoir central.
Les instruments du tableau de bord offrent le meilleur mélange de matériaux. Tachymètre mécanique de SMITHS, compteur de vitesse de VEGLIA BORLETTI et instruments ronds JAEGER pour l´affichage de la pression de l´huile, de la température de l´huile, de la température de l´eau et de l´ampèremètre. Un HALDA Tripmaster et le HEUER Rallye Timer outrageusement cher mais magnifique complètent le tableau d´ensemble, qui semble presque un peu surchargé.
BACK ON TRACK
CONCU POUR LES COURBES
JUILLET 2011
À PLAT
Comme son nom l´indique, L´Alpine A110 avait été conçue pour les routes sinueuses de montagne et de vallées. Elle n´aimait pas les pistes à grande vitesse, sa stabilité directionnelle quasi inexistante à grande vitesse faisait monter des perles de sueur sur le front de ses conducteurs. Cependant, le faible poids du véhicule, un centre de gravité bas et des dimensions délicates ont conduit à d´excellentes performances de conduite et à une agilité presque imbattable. Dotée d´un rapport puissance/poids, associés à un pilote expérimenté, elle faisait peur à des concurrents nettement plus puissants qu´elle arrivait à devancer. Elle jouait de ses atouts sur les routes sinueuses – tard sur les freins, tôt sur l´accélérateur et surtout dans les virages, il était souvent impossible pour les rivales de son époque de la dépasser. Seul leur manque de fiabilité les obligeait à abandoner trop souvent, car le groupe motopropulseur et la transmission ne pouvaient pas suivre l´augmentation de la puissance du moteur.
GET OUT AND DRIVE
10 COMMANDEMENTS
NOVEMBRE 2018
Les amoureux de l´Alpine A110 doivent impérativement cultiver certaines vertus.
Les 10 commandements pour une coexistence heureuse, incluent : la fascination, la patience, la passion, l´indulgence, la confiance, le dévouement, la joie de vivre, la persévérance, la conduite ainsi que l´acquisition de compétences essentielles en français.
C´est cette Alpine achetée en ruine qui remporta le Rallye Alpin Autrichien en 1973 et qui permit à la France d´obtenir son premier titre de Champion du Monde. Elle a fait l´objet d´une restauration complète et je vous la présente aujourd´hui repeinte dans sa couleur d´origine.
Elle participe à des événements et des concours de voitures de sports de collection. Elle représente dignement la marque Alpine-Renault et de nos jours, on lui épargne les pistes, les routes boueuses et les graviers.
© GionnoTV
CAR IN DETAIL
ARISTOTE AVAIT RAISON
Si vous vous penchez sur les détails d´une Alpine A110 d´usine, vous rencontrerez quelque chose de surprenant lors de votre voyage. Manivelle de vitre d´un Floride, essuie-glaces d´une Caravelle, poignées de maintien d´une R8, goulotte d´essence d´un hélicoptère, gicleur d´une Mercedes Benz, goulotte d´huile d´une 2CV “Ente”, voyant d´une Citroën DS, un compte-tours anglais et dans le cockpit un mélange d´instruments ronds italiens et français. Des oeuvres d´art distribuées avec amour ou des pièces d´occasion d´un magasin de pièces détachées? Cela dépend du point de vue. Le tout est plus que la simple somme de ses parties.
© Remi Dargegen / Jonas Greiner
RACING / CONCOURS
Circuit des Remparts d’Angoulême 2014
Sur les traces de Juan Manuel Fangio et Michel Vaillant
Angoulême fait partie de ces villes du sud-ouest de la France que le voyageur francophile ne peut ignorer. Qu´il s´agisse d´histoire, de culture, d´art de vivre ou de paysage, le Périgord offre tout ce que votre coeur désire. Nous avons été tellement impressionnés par le charme et l´atmosphère en 2009 que rapidement remis de notre exérience amère (voir article du blog d´août 2014), nous étions déterminés à retourner sur les lieux. Ceux qui recherchent pour leur voiture de course de collection, un événement avec un caractère incomparable, constateront qu´il n´y a que quelques alternatives dans le calendrier des courses.
Les rues d´Angoulême, nous replongent dans notre jeunesse. La ville est connue comme étant la capitale de la bande dessinée : le Festival International de la BD s´y tient depuis 1974 et les peintures murales représentant des héros de bandes dessinées sont omniprésentes. Enfant, nous rêvions du métier de pilote de course et nous attendions avec impatience les nouvelles histoires de notre héros Michel Vaillant.
En 1939, une course automobile est organisée pour la première fois à Angoulême. Jean-Pierre Wilmille et Maurice Trintignant ont fait en sorte que des dizaines de milliers de spectateurs bordent les rues en cette chaude journée; une légère brise laissait flotter les drapeaux au vent et offrait un rafraichissement bienvenu. Les pilotes dans leur légère combinaison de course avec leur casquette en cuir roulaient à travers un dédale de rues de ce circuit urbain si unique. Des spectateurs en costume-cravate et des femmes élégamment vêtues contemplaient la course depuis des tribunes, directement sur la piste derrière des bottes de paille ou sur les pentes naturelles. C´était un spectacle d´un genre spécial.
Alors que la politique plongeait le monde dans une autre guerre horrible, la course ne fut pas reconduite avant 1947. Pour cette 2ième édition, des héros nationaux bien connus tels que Amédée Gordini et René Bonnet prirent le départ. Suivront trois autres événements en 49-50 et 51. La participation de la Scuderia Ferrari et de Juan-Manuel Fangio vainqueur au volant d´une Maserati est restée dans tous les livres d´histoire. À cette époque, en 1955, aura lieu une 6ième et dernière course.
TOUJOURS DANS LES MURS
Voilà en ce que concerne l´histoire passé. Mais qu´est-ce qui a changé depuis 1939 ?
En fait, pas grand chose, le parcours à travers la ville est resté le même. La cathédrale qui domine la cité depuis des centaines d´années et les remparts, forment une magnifique toile de fond. Ce sont ces murs qui donnent au parcours le nom de “Circuit des Remparts”. Le temps semble s´être arrêté. Les maisons du centre-ville et le long du parcours avec leurs portes, leurs volets, leurs barres de fer ont la même patine que celle de ces nombreuses voitures anciennes.
La tribune près de la Cathédrale offre toujours une vue imprenable sur le dernier virage et la longue ligne droite du départ et de l´arrivée. Cependant, quelques changements sont perceptibles parmi les spectateurs habillés de façon plus colorés et décontractés qu´autrefois. Il en va de même pour les glissières de sécurité stables et démontables qui ont remplacé les bottes de paille. Ce n´est plus l´atmosphère pittoresque d´antan, mais sans ces mesures le circuit n´aurait certainement pas été approuvé.
CONCOURS POUR L´HOMME ET LA MACHINE
Nous sommes arrivés quelques jour avant l´événement et pour nous mettre dans l´ambiance à venir, nous avons logé dans un château voisin et pu apprécier l´art de vivre à la française. Notre Alpine 1800 Gr.4, ex-voiture d´usine de l´année 1973 avait participé au Championnat du Monde des Rallyes. Elle était bien préparée et devait participer le dimanche à la course spéciale Alpine. La compétition portait le nom de Jean-Pierre Nicolas. Il était indiqué que seules les anciennes voitures de course de la légende de la course française étaient autorisées à concourir.
C´était une année entièrement consacrée aux Alpines. Les passionnés de la marque, Patrick Fourestié et Jean-Luc Fournier, avaient organisé l´événement avec le soutien de Renault. Il y avait un nombre impressionnant de véhicules.
Le vendredi, un éventail de la gamme des modèles Alpine pouvait participer à un Concours d´Élégance. Dans les halles du marché se tenait une exposition spéciale de ces véhicules de course qui fascinent tant les visiteurs. Les participants à la course étaient autorisés à stationner leurs Alpine Berlinettes dans la cour de l´Hôtel de Ville.
Le Concours d´Élégance se tenait sur la place du champs de Mars et chaque participant avait la possibilité de présenter son véhicule au jury. En pleine préparation, nous avons reçu la visite distinguée de Bernard Ollivier. Le patron d´Alpine, en personne, détaillait notre Berlinette parfaitement restaurée et se faisait expliquer ses particularités.
Au moment de la présentation de notre Alpine 1800, nous avons offert aux nombreux spectateurs un petit spectacle. Sous les feux de la rampe, dans des vêtements de rallyes contemporains, nous avons improvisé une scène de point de contrôle, en sautant de notre véhicule, en vérifiant les phares et le moteur, entre autres. Jean-Luc Thérier, ex-pilote de cette Alpine d´usine, aurait certainement été fier de nous. Le public et le jury d´experts ont adoré. La Berlinette remporta le concours avec un prix spécial. Les autres participants brillaient aussi dans leurs superbes véhicules et dans leurs costumes de course contemporains. C´était un début de week-end très réussi.
© Phillipe B., Kevin Goudin
LE PLAISIR DEVIENT SÉRIEUX
Nous avons eu pleinement l´occasion d´explorer la région: les côtes de l´Atlantique, Cognac, le Château Tiregand de la famille Saint-Exupéry à Bergerac pour une dégustation de vins. Et le dimanche, retour aux choses sérieuses, nous nous sommes pleinement concentrés sur la course.
Le matin, les grilles de départ de la course prévue dans l´aprés-midi étaient en prépation. Entre-temps, dans la cour de l´Hôtel de Ville, on se faisait de nouveaux amis parmi la famille Alpine. Et à l´examen de la compétition, il nous est vite apparu que le niveau technique avait considérablement augmenté par rapport à notre première participation. Alors que nous avions fait sensation, 5 ans auparavant, il s´agissait cette fois-ci de gentlemen racers très déterminés avec des véhicules au top !
Tout comme Alain Serpaggi, ancien pilote d´usine Alpine, avec une voiture de course de la Collection Renault, équipée d´un moteur Gordini 16 soupapes ! De gros calibres ! Mais nous aussi, nous étions prêts : comme Lucky Luke, nous avons enfourché Jolly Jumper pour la balade à travers les canyons urbains, avec la bonne intention de ne pas baisser la tête devant les difficultés. La piste fait un peu moins d´un kilomètre et demi de long, elle monte, elle descend, à gauche, à droite et avec tous les autres coureurs autour de soi, cela peut devenir assez serré. Le virage en épingle autour du marronnier est particulièrement critique; Au bout de la longue ligne droite, on freine brutalement pour ensuite accélérer à nouveau en montant vers la cathédrale.
À l´avant-départ de la manche d´entraînement, nous étions alignés derrière Alain Serpaggi et Gérard Besson, nous avions donc en ligne de mire les deux favoris. Mais par inadvertence, nous nous sommes retrouvés en dernière ligne, ce qui nous a placé dans une position désavantageuse.
Le peloton finissait déjà le premier tour. Un écart s´était creusé et lorsque nous avons enfin retrouvé le rythme et l´opportunité de nous battre pour une bonne position de départ, la course d´entrainement a dû être interrompue. Notre ami, Jean-Marie Bracq, avec son A110 à moteur de deux litres, a heurté sans freiner le garde-corps dans le virage à gauche après la ligne droite. Les secours l´ont dégagé des décombres et l´ont emmené à l´hôpital dans un état critique avec de graves blessures. Ce terrible accident nous a tous fait réfléchir et montre sans équivoque qu´un circuit urbain et que le sport automobile en général ne sont pas sans risque.
Lorsque nous nous sommes rendus sur la grille de départ l´après-midi, environ 30 000 spectateurs s´affairaient autour du circuit dans le centre ville. Nous étions confiants sur la ligne de départ, l´Alpine tournait à merveille, absolument sans problème. Le plan était de rattraper immédiatement le terrain perdu en faisant un départ éclair pour obtenir une bonne position pour la suite de la course. Comme envoutés, nous fixions le starter, le drapeau tricolore baissé, le départ était imminent. Puis soudain, de manière très surprenante, le starter leva le drapeau et le peloton d´Alpines s´élança.
TOUJOURS PRÈS DES MURS
En fait, nous avions pris un très bon départ, repris deux places et défendu cette position dans un premier temps. Parti en pole position, Alain Serpaggi fonçait vers un départ-arrivée sans partage.
Nous étions impressionnés par le rythme de nos amis français. Nous ne nous attendions pas à celà.
Notre pouls se stabilisait et nous avions la sensation que notre Alpine nous incitait à accélérer le rythme. Nous avons rattrapé Christian Chambord et dépassé sa belle Alpine 1800 d´usine au point le plus bas du parcours. Les pneus Michelin TB 15 n´étaient pas le meilleur choix ce jour là. Le mélange de gomme tendre commençait à maculer le train arrière à cause des températures extérieures élevées et nous avions beaucoup de mal à maintenir le cap de notre Berlinette dans les virages serrés d´Angoulême. À la sortie du virage sur la ligne droite, nous avons même touché la barrière avec l´aile gauche. Ce n´est qu´avec beaucoup de chance que l´on a pu éviter des dommages majeurs causés par un impact sur ces poutres en acier ancrées dans le sol.
Après ce moment de frayeur, nous sommes partis à la poursuite de Michel Mondy. On a collé littéralement au pare-choc de son Alpine 1800 BIS pendant de nombreux tours. Nous avons essayé plusieurs fois de le ralentir, mais nos Berlinettes s´avéraient être de même puissance et la dernière ligne droite était trop courte. Nous sommes restés au contact en attendant une opportunité quand soudain en bout de ligne droite au freinage du Carnot, le blocage du différentiel, nous a mis dans une situation délicate. Les roues de l´essieu arrière se sont bloquées et notre Berlinette s´est mise à tourner sur son axe ! Par chance, on a pu éviter un impact avec les glissières de sécurité mises en place. A peine revenu dans le sens de la marche, on a repris la course sans perdre notre position. Seulement, Michel Mondy était loin devant et on s´est évertué à tenir à distance les poursuivants Christian Chambord et Philippe Tollemer.
Dommage, avec un peu de chance et une meilleure position de départ, on aurait certainement fini sur le podium avec un prix. Nous nous sommes retrouvés à la 5ième place de cette course passionnante, très heureux tout de même d´avoir amené notre Berlinette sur la ligne d´arrivée (presque) indemne.
C´est avec tristesse que nous avons dit au revoir en pleine la nuit et pris la route pour notre voyage retour. Quelle semaine mouvementée. Semaine vécue aussi intensément que lorsque j´étais profondément immergé dans la dernière aventure de Michel Vaillant.
On se réjouissait déjà de pouvoir revenir à Angoulême et souhaitait à Jean-Marie un bon et prompt rétablissement. !
(Texte et illustrations ; Jörg D. Brosowski)
Concours d´élégance à la Villa d´Este
20.-22. MAY 2016
RETOUR VERS LE FUTUR – LE VOYAGE CONTINUE
Chaque année au mois de mai, l´élite de la scène automobile internationale se retrouve au Concours d´Élégance de la Villa d´Este sur les rives du Lac de Côme.
Dans la catégorie „Héros de la Spéciale“, d´anciens véhicules de Rallye ont été pris en compte pour la première fois dans le rendez-vous des automobiles classiques de haute qualité. Nous n´ avons épargné aucune dépense ni aucun effort et avons classé notre Berlinette parmi les plus belles et les plus élégantes voitures de collection au monde.
Dans la catégorie „Concept Cars“, l´Alpine a fait sensation avec son coupé “Alpine Vision” extrêmement réussi. Une rencontre des deux véhicules pour un shooting photo était la suite logique en marge de cet événement prestigieux.
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AROSA CLASSIC CAR 2017
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